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Les plombs d'étoffes
La fabrication des étoffes est la principale activité industrielle et commerciale de la France du XVIIIe siècle.
Elle est sévèrement réglementée ( du fait des taxes perçues par un monopole du roi, et pour éliminer du marché les concurrents Hollandais et Anglais.), et chaque étape de la fabrication est contrôlée jusqu’à la vente. il s'agit d'étoffes dites toiles de draps. Les toiles sont de chanvre, de lin, de coton ou de soie. Le drap est en laine est présente un endroit et un envers. Avant d’être propres à la vente, ces étoffes vont subir une série de manipulations, chacune généralement suivie de la pose d'un plomb qui témoignera de sa bonne exécution. La taille du plomb varie selon le cas, large pour les pièces de drap, petit pour les soieries.
A l'issue du tissage, la pièce d'étoffe est donc une toile ou un drap blanc ou écru; le fabricant doit alors tisser en bout de pièce la << marque individuelle >> qui comporte son nom, celui de la ville, celui de l'étoffe ainsi que le numéro de la pièce; ce numéro sera souvent repris au cours du traitement, et gravé avec une pointe sur le revers du sceau. Elle est prête pour le premier contrôle de qualité par le << bureau de fabrique >> ou siègent les représentants élus des drapiers; un plomb provisoire est posé, qui doit être présent pour que commence l'opération suivante: le foulage.
Le foulage, ou << la foule >>, consiste à presser la pièce d'étoffe dans un bain afin d'en resserrer le tissage; opération effectué au pieds par les foulons au moyen age, il est fait dans des moulins à foulon ( moulins a eau avec une roue qui entraînait des gros marteaux par l’intermédiaire d'une sorte d'arbre a came, ces marteaux battaient les étoffes qui étaient dans des cuves ou circulait l'eau ) au XVIIIe s. Au cours de cette opération, la taille de la pièce d'étoffe diminue d'environ un tiers. Un nouveau plomb est attaché, qui porte le nom du foulon et le numéro de la pièce.
Un autre contrôle est effectué au bureau de fabrique qui, semble-t-il, appose une simple contre marque sur le plomb de foulage avant de diriger la pièce à l'aunage. L'auneur mesure la pièce d'étoffe et pose un plomb sur lequel figure la taille en <<aunes >> (un ou une aulne = environ 0.45 m ) avant le passage au teinturier.
La teinture de la pièce d’étoffe se fait avec les couleurs autorisées et résistantes (<<grand et bon teint>> ) avant que soient légalisé, au début du XVIIIe s, l'usage de couleurs indiennes de qualité moindre (<<petit teint>>)
Certaines pratiques, comme celle qui consiste à faire baigner la pièce dans une décoction de racines de noyer avant de la teindre en noir, ce termine aussi par la pose d'un plomb << bon pour noir <<.Il ce peut aussi que la teinture donne un résultat décevant; une seule solution existe alors pour ne pas perdre la pièce, reteindre en fonçant, généralement en noir, et la pose d'un plomb doit signaler la double manipulation: << étoffe reteinte en bon teint >>
La pièce une fois teinte doit passer à l'apprêt, c'est-à-dire une série d'opérations qui vont lui donner le bel aspect final.
Le lainage est effectué avec des têtes de chardons secs; il consiste à piquer le drap pour soulever des fils de laine et constituer un duvet en surface de l'étoffe, suivi de la tonte qui égalise ce duvet et s’achève après d'autres opérations par un lustrage. Ces opérations sont marquées par la pose de plombs qui portent la mention << aprest >>.
La pièce finie passe encore une << visite >> de la part de la communauté des drapiers de la ville et recevra un plomb attestant de sa qualité avant d'être autorisé à la vente. ce plomb porte en principe, outre le mot << visite >>, le nom de la ville et l'année. Il arrive que les règlements de fabrication changent; le passage d'une réglementation à l'autre entraîne alors sur les stocks non conformes à la nouvelle législation la pose d'un plomb marqué << plomb (ou marque) de grâce qui légalise le commerce de ces étoffes durant une période de transition déterminée.
En conclusion on peut dire que le sceau de XavMag06 provient de la << visite >> de la part de la communauté des drapiers d'Aix en Provence; en revanche on ne peut dire sur quel tissus il était apposé.
