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Les archéologues sont obligés de prendre des précautions pour protéger leurs fouilles. Les voleurs utilisant des détecteurs de métaux pour piller les sites.
«Pour le moment nous n'avons jamais eu de visites inopportunes. Mais il m'arrive de dormir sur place quand nous fouillons dans des ensembles importants et que nous devons passer plusieurs jours à gratter. » Gilles Naze, archéologue amateur, entreprend des fouilles chaque année sur un site près de Crécy-sur-Serre. Il n'ignore pas le phénomène qui peut toucher la plupart des sites en Picardie. Récemment, des vestiges gallo-romains et mérovingiens ont été ravagés par des intrus à Noyon. Cela peut arriver dans le Laonnois aussi.
Alain Nice, créateur du musée des temps barbares, est dans le même cas. Il n'a jamais connu de pillage sur le site de la nécropole de Goudelancourt-lès-Pierrepont, à une vingtaine de kilomètres de Laon parce que « le site était perdu dans la campagne et bien surveillé par le propriétaire ». Mais il est conscient du problème. D'ailleurs, il relève que le phénomène ne date pas d'hier. « Dans les années 83-84, au moment des fouilles sur le cimetière mérovingien, quelqu'un avait été vu sur les lieux avec un détecteur de métaux. Les pillages sur les sites connus de tous sont monnaie courante avec ces appareils. Les revues spécialisées prolifèrent et incitent les gens à piller », regrette l'archéologue. Selon lui, un véritable commerce s'est mis en place pendant des années, du côté de Crécy et Mesbrecourt, avec des personnes connues. « À Marfontaine, sur le site gallo-romain, il y avait même des personnes détentrices de l'autorité publique qui pillaient.




Le problème de la datation
Le problème, selon Alexandre Audebert, responsable du pôle archéologique du département, c'est donc qu'il y a beaucoup de magazines consacrés aux détecteurs de métaux. « Certains prospecteurs sont de vrais pros. Il y a une catégorie de gens très nuisibles qui agissent sous couvert d'une passion pour l'histoire et revendent les objets sur les sites de vente aux enchères en ligne. »
L'usage du détecteur de métaux pour chercher des objets archéologiques est pourtant interdit.
La législation est claire et les pilleurs risquent de fortes amendes.
Mais quand le site est perdu au milieu de la forêt, il y a peu de chances qu'ils se fassent prendre. « Tant que la personne n'est pas prise sur le fait par quelqu'un d'assermenté, c'est difficile d'intervenir. Il m'est déjà arrivé de signaler des vols à des autorités locales. Mais il n'y a pas de personnel pour s'en occuper », regrette Alain Nice. « Un autre problème majeur pour les archéologues, en plus de la perte des objets, c'est que lorsqu'ils sont sortis de leur contexte, on ne peut plus dater les couches. »
Marie-Christine Lardenois